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1604 Rubys

Claude de Rubys, Histoire veritable de la ville de Lyon, Contenant ce, qui a esté obmis par Maistres Symphorien Champier, Paradin, et autres […] : Ensemble ce, en quoy ils se sont forvoyez de la verité de l'histoire […], Lyon, Bonaventure Nugo, 1604, « Avant-propos à nobles et sages : Messire Imbert Grolier, seigneur de Soleil, Chevalier de l’ordre du Roy, Prevost des Marchands, et Capitaine de la ville de Lyon […] », sig. **2v°.

 

Un exemplaire numérisé est consultable sur le site Numelyo.

 

Et de faict que Paradin aye esté de ces gens, qui croyent et escrivent legierement, je le pourrois verifier par le recit de plusieurs discours fabuleux, qu’il a employez et affirmez pour veritables dans ses escriz : mais je me contenteray d’un seul, qui est en son histoire de Lyon [lib. 3. c. 29]. C’est là où il celèbre le loz de ces deux insignes courtisannes, qui furent de son temps à Lyon. L’une desquelles fut Pernette du Guillet, laquelle servoit de monture à un Abbé, et à ses moynes. L’autre Loyse l’Abbé, renommée non seulement à Lyon, mais par toute la France, soubs le nom de la Belle-Cordiere, pour l’une des plus insignes courtisanes de son temps. Et cependant il les qualifie deux mirouërs de chasteté, et deux parangons de vertu. Que si le bon homme s’est laissé ainsi lourdement abuser en chose advenue de son temps à Lyon, où il estoit tous les jours : à peine adjoustera on foy à ce qu’il a escrit des siecles passez.

Claude de Rubys, qui s’est fortement impliqué dans la Ligue lyonnaise, par ses publications et par son action en tant que membre du consulat, est expulsé de Lyon en 1594, après le retour de la ville sous l’autorité du roi Henri IV. Il n’est autorisé à rentrer à Lyon qu’en 1600. Il achève alors son ambitieux projet d’une Histoire veritable de la ville de Lyon, qui se veut fondée sur l’examen détaillé des sources. La polémique contre Guillaume Paradin et les autres historiographes lyonnais, amorcée dès 1573, devient centrale dans sa démarche : elle est mentionnée dès le titre et explicitée dans un avant-propos. C’est pour montrer la « legiere croyance » dont a fait preuve Paradin dans son traitement des informations, que Rubys reprend d'emblée l’exemple de la « chasteté » de Louise Labé, associant désormais dans sa dénonciation ce que Paradin disait de Pernette Du Guillet. Les deux Lyonnaises, rapprochées par Paradin pour leurs « nobles et vertueux esprits » et pour leur « savoir », le sont cette fois en tant qu’« insignes courtisannes » : le reste est résolument passé sous silence.