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1805 Gudin

Paul-Philippe Gudin de La Brenellerie, Contes précédés de recherches sur l'origine des contes ; pour servir à l'histoire de la poésie et des ouvrages d'imagination. Tome premier, Paris, Henrichs et Rondonneau, An XIII – 1805, p. 170-171.

Un exemplaire numérisé est consultable sur le site Gallica.

 

   Cependant ces fables où des animaux enseignent la morale aux hommes, ces contes où des êtres surnaturels font tant de prodiges, n'étaient pas, à beaucoup près, si ingénieux que ces belles fables où les Grecs avaient représenté la Déesse de la Sagesse sortant toute armée de la tête du Roi des Dieux ; où ils avaient fait naître les Muses de la Déesse de la Mémoire, et du Dieu de la Lumière ; et l'Amour enfant, l'Amour, armé de flèches, de la Déesse de la Beauté et d'un père inconnu.

   Depuis deux mille ans aucun peuple, aucun poète n'avait rien ajouté à ces belles allégories, lorsqu'une femme, une Française, une Lyonnaise, Louise Labbé, veuve d'un riche marchand de cordes, célèbre pour sa beauté, par son esprit, par ses galanteries, par son talent pour la poésie, imagina le Débat de Folie et d'Amour se disputant le pas à la porte du palais de Jupiter. La Folie en frappant Amour le rendit aveugle, et Jupiter la condamna à servir de guide à cet enfant.

   On a dit avec raison que cette allégorie était la plus heureuse des fables modernes1 . Elle est, en effet, la seule qu'on puisse mettre à côté de celles de l'Antiquité. Elle est du même genre ; elle en a la grâce, la vérité, la justesse ; elle en est le complément.

  • 1Voir Voltaire, Questions sur l’Encyclopédie, 1771, art. « Fable ».
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