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1669 Bachelard

François Bachelard, Le Portrait sacré des filles illustres de Saint Benoist : avec les entretiens curieux sur la Conduite de leur Vie. Composé par Messire F. Bachelard, Prêtre, Prieur de Saint Jullien, Docteur en Theologie dudit Ordre, et Confesseur de l'Abaye de la Deserte, Lyon, « Aux dépens de l'Autheur », Se vend chez Jean Girin et Barthélemy Riviere, 1669.

Un exemplaire numérisé est consultable sur le site Google Livres.

 

« Entretien Curieux. Que les sciences n'ont rien d'incompatible avec le sexe », p. 16-17 (sig. Bb4v-Cc1r).

[…] S'il m'étoit possible de raporter icy le nom de celles, qui ont marché de pair avec les plus sçavans de la Terre, pour lesquelles les Doctes même ont fait des Epitaphes, et des Oraisons funebres à leur loüange, on aprendroit, que du temps de S. Jerôme les Marcelles, les Hedibies, et semblables à celles-cy ont été tres-curieuses des saintes lettres, que Madame la Comtesse d'Auschy a donné jour aux doctes Homelies sur les Epîtres de S. Paul, que Louyse de Marillac mourut à Poissy l'an 1629. aprés avoir fait imprimer plusieurs Traités pieux ; On sçauroit qu'Anne de Bins, qui mourut l'an 1540. a merité par son rare sçavoir d'étre employée par les Magistrats de la Ville de sa naissance, pour regenter, et instruire la jeunesse : Je passe sous silence un nombre tres-considerable de celles, que le sieur de la Forge dans son cercle des femmes sçavantes a raporté ; Tout ainsi que plusieurs autres, de qui celles, que j'ay raportées, ne sont pas la centiéme partie, tant pour avoir fait des livres en plusieurs langues diferentes, que pour avoir fleury dans les dons de l'esprit, et s'étre signalées par les œuvres de leur plume. Il y en a, desquelles la netteté des livres doctes, qu'elles ont donnés au public en prose, et en vers, nous aprend, que leur Philosophie, ou leur Theologie a été moins épineuse, que fructueuse : Telles ont été Claudine du Peron, Claudine de Seve, Clemence de Bourges, Jeane Gaillarde, Louyse Labé, Marie de Pierre-Vive, Philiberte de Fuërs, Petronille du Guillet, Sybille Seve, Françoise Pascal, toutes illustres, et sçavantes Lyonnoises : Que si la Religion defend aux filles d'instruire les hommes, ce n'est pas qu'elle les en juge incapables, puisqu'elle le leur permet à l'égard de celles de leur sexe : mais seulement par crainte, que leur bel esprit donnant de l'admiration, ne donne plus, qu'il n'est expedient, de l'amour : Elle leur ordonne de se priver des connoissances superfluës : Mais aussi leur commande-elle d'en acquerir les necessaires […].

La présence inattendue de Louise Labé dans cet ouvrage d'édification publié par un ecclésiastique lyonnais s'explique par le fait que l'auteur emprunte sa liste d'« illustres et savantes Lyonnoises » à l'Eloge historique de la ville de Lyon publié par Claude-François Menestrier cette même année 1669.