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"A. F. R." / Antoine Fumée

A.F.R.

Le « Sonnet à D. L. L. par A. F. R. » est la vingt-deuxième pièce des « Escriz de divers Poëtes à la louenge de Louise Labé ». On identifie sous ces initiales, « Antoine Fumée, Rapporteur », car c’est à Antoine Fumée que s’adresse Olivier de Magny dans le dix-neuvième poème des mêmes « Escriz », pièce republiée en 1559 dans les Odes de Magny et alors explicitement adressée « À Anthoine Fumée grand Rapporteur de France » (le poème de 1555 devient en 1559 deux odes à deux destinataires différents, Fumée et Jean d'Avanson). Au début de cette dix-neuvième pièce, Magny évoque « ce docte et gentil Fumée » en train de rédiger sous ses yeux une ode latine qu’on comprend être adressée à Labé. Fumée pourrait donc aussi être l’auteur du deuxième poème des « Escriz de divers Poëtes », le poème latin.

Il est seigneur de Blandé et seigneur des Roches Saint-Quentin (au sud de Tours) ; il fait carrière (comme son père et son frère Adam, puis comme son propre fils) dans l’administration royale, auprès du roi Henri II, comme « grand rapporteur », puis auprès de Charles IX comme maître des requêtes (il succède à son frère Adam à cette charge), puis comme membre du conseil privé du roi sous Henri III ; c’est sous cette dernière identité qu’il signe en juillet 1574 les Histoires d’Antoine Fumée, Chevalier Seigneur de Blandé, Conseiller du conseil privé du roi. Ses trois principales productions littéraires datent d’ailleurs de 1574, deux à Paris chez Nicolas Chesneau :  le Panégyrique pour la bien-venue et retour du tres-chrestien Henry, roy de France & de Polongne. Par messire Ant. Fumée, chevalier, seigneur de Blandé, conseiller du conseil privé ; les Histoires d’Antoine Fumée (auxquelles le Panégyrique est associé) ; ainsi que Daphnis, une plaquette de vers latins (10 p.), publiée par Jean II de Tournes à Lyon.

Il épouse, le 16 avril 1556, Claude de Riants ; il est donc encore célibataire au moment de la mise sous presse des Euvres de Louise Labé Lyonnaise dans l’été 1555, il a alors environ trente ans. Est-il venu à Lyon ? Y a-t-il séjourné ? A-t-il rencontré Louise Labé ? Madeleine Lazard émet l’hypothèse qu’il aurait initié Labé au latin (Louise Labé, Fayard, 2004, p. 194) : la chose est assez peu probable car cela signifierait un long séjour à Lyon que rien ne confirme. Pourrait-il être celui qui a transmis voire favorisé la demande de privilège de Labé auprès de la Chancellerie Royale ? La chose est possible. Son lien avec Lyon est seulement attesté par cette double participation aux Euvres de Louise Labé en 1555, puis par la publication chez Jean II de Tournes en 1574 de son poème Daphnis.

René Bretonnayau, dans La Generation de l’homme et le temple de l’ame, lui adresse un sonnet à l’ouverture du poème intitulé « Le Melancholique » (Paris, Abel Langelier, 1583, f. 117) ; il le nomme « messire Anthoine Fumée, chevalier et conseiller du conseil privé du Roy, seigneur des Roches Sainct Quentin » et le décrit comme « poussé de saincte fureur » : un poète donc, mais à l’œuvre publiée très mince !  C’est la dernière attestation du vivant d’Antoine Fumée.