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Une longue histoire éditoriale

Suspendue à la fin du XVIe siècle, l'histoire éditoriale des Euvres de Louïze Labé Lionnoize reprend en 1762, pour ne plus s'interrompre. Voici une liste d'éditions qui, à un titre ou un autre, ont marqué cette histoire. Nous ne citons que les éditions reprenant l'ensemble des écrits de Louise Labé, « Debat de Folie et d'Amour », « Elegies » et « Sonnets » : à partir du XIXe siècle, les vers (et particulièrement les sonnets) ont aussi fait l'objet de nombreuses éditions séparées.

 

1762

Œuvres de Louise Charly, Lyonnoise, dite Labé, surnommée la Belle Cordière, Lyon, Frères Duplain, 1762.

Un exemplaire numérisé est consultable sur le site Gallica.

Cette édition marque la redécouverte de Louise Labé. Deux siècles la séparent des dernières éditions des Euvres, datées de 1556. C’est à Lyon que se passe ce réveil éditorial, nourri de recherches érudites sur Labé, dans le cadre de l’Académie de Lyon. Le père de Colonia, en 1730, dans l’Histoire littéraire de la ville de Lyon, accorde une place importante à Louise Labé dans un chapitre intitulé « Lyonnaises illustres dans la République des lettres », signalant un souci de patrimonialisation, mais sans nouvelles informations apportées.

On est encore très ignorant de l’histoire éditoriale des Euvres à ce moment-là. Ainsi l’abbé Goujet, qui accorde une longue notice à Louise Labé dans sa Bibliothèque françoise, ou Histoire littéraire de la France en 1748 apporte peu de nouveau sinon qu’il identifie une nouvelle édition de 1556, « A Rouen, chez Jean Garou ». Mais en réalité la seule édition des Euvres qu’il a lue est l’édition contrefaite, le pseudo-Jean de Tournes en 1556, car il conclut ainsi sa notice : « Les œuvres de Louise Labé finissent par vingt-quatre pièces de divers Poëtes à sa louange, dont une est en Latin, quatre sont en Italien, et le reste est en François. Pour de Grecque, on n’y en voit point, quoique du Verdier dise qu’il s’y en trouve ». La véritable édition de Jean de Tournes de 1556, ainsi que celle de Rouen contiennent le grec, alors qu’il fait défaut dans l’édition contrefaite. Il ne connaît donc aucune des deux éditions de Jean de Tournes. Manque donc à ce moment des recherches historiques précises. C’est justement ce qui se passe à Lyon. 

C’est lors de la séance du 7 décembre 1745 de l’Académie des Sciences, belles lettres et arts de Lyon que le mémoire historique de Charles de Ruolz sur Labé est lu une première fois, avant d’être lu en séance publique en avril 1746 et publié en 1750 sous le nom Discours sur la personne et les ouvrages de Louise Labé Lyonnoise. Les informations sur Labé et ses Euvres sont encore lacunaires mais l’entreprise est déjà et surtout de réhabilitation : « L’idée désavantageuse qu’on a conçue depuis longtemps de Louise Labé est un exemple de la force du préjugé ». Quatre fois, il qualifie Labé de « savante », terme qu’on retrouvera dans l’avertissement de l’édition de 1762. Il ajoute à son discours un « extrait des auteurs qui ont parlé de Louise Labé », inaugurant un travail de recensement bibliographique.

C’est avec l’abbé Jacques Pernetti, et ses Recherches pour servir à l’histoire de Lyon ou les Lyonnais dignes de mémoire que du nouveau advient. Cet académicien a effectué des recherches archivistiques dans les documents de l’archevêché et en tire des informations nouvelles : la référence au testament d’Ennemond Perrin, le mari de Louise Labé, l’emplacement de la maison principale de Louise Labé, la date de sa mort, sa succession. Son travail sera une des sources de l’introduction intitulée « Recherches sur la vie de Louise Labé », placée au début de l’édition de 1762.

Cette édition de 1762 est anonyme, ses éditeurs sont « une société de Gens de Lettres de cette ville » comme le dit l’avertissement initial. En fait, l’édition serait dirigée par Pierre Adamoli selon Monfalcon [Manuel du bibliophile et de l’archéologue lyonnais, Lyon, Aimé Vingtrinier, et Paris, Adolphe Delahaye, 1857, p. 103], qui donne les noms des huit personnes impliquées dans cette édition : Fleurieu, Antoine La Croix, le P. Dumas, J. Janin, J. F. Tolosan, B. Desfours, Ruffier d’Attignat et Pierre Adamoli, précise qu’elle est à tirage limité (525 exemplaires) et faite sur un exemplaire de l’édition de 1555 appartenant à « M. le Président de Fleurieu », secrétaire perpétuel pour la classe des belles-lettres de l’Académie. Il s’agit bien d’une édition faite sur l’originale de 1555, comme le prouve l’état du vers 26 de l’élégie 2, p. 110 : « l’âme d’amour ateinte ! » (en 1556 : « d’amour esteinte ! »).

Il s’agit d’une belle édition, illustrée d’un frontispice et de neuf figures, gravés d’après le peintre Donatien Nonnotte, membre de l’Académie royale de peinture et de sculpture depuis 1748 et aussi membre de l’académie de Lyon. Précédée des « Recherches sur la vie de Louise Labé » et de la « Liste des auteurs qui ont traité de Louise Labé et de ses ouvrages », l’édition du texte reproduit intégralement, dans leur graphie et dans leur langue (grec, latin, italien, français), tous les textes de 1555, sauf le privilège accordé à Louise Labé. Sur un fond de très grande fidélité, elle introduit cependant deux modifications : si tous les textes de Labé sont reproduits selon leur ordre originel, les vingt-quatre poèmes d’escorte sont complètement réorganisés et classés par proximité générique ou linguistique (les poèmes italiens, les odes… et le sonnet liminaire placé à la fin) et l’ode de Jacques Peletier est ajoutée aux « Escriz de Divers Poëtes » comme si elle en faisait partie. A ces éléments près, c’est une édition critique rigoureuse, soucieuse d’un état de langue restitué sans altération. Le texte intégral des Euvres est donné de façon fiable et Labé devient une « femme savante », digne d’entreprises académiques. On peut dire que c’est l’édition de 1762 qui fait de Labé un auteur classique.

 

1815

Euvres de Louize Labé Lionnoise surnommée la Belle Cordière, Brest, De Michel, 1815.

Un exemplaire numérisé est consultable sur le site Numelyo.

Commentaire : à venir

 

1824

Euvres de Louïze Labé Lionnoize, éd. N. F. Cochard et Breghot Du Lut, Lyon, Durand et Perrin, 1824.

Un exemplaire numérisé est consultable sur le site Gallica.

Commentaire : à venir

 

1845

Œuvres de Louise Labé, Lyonnaise, éd. L. Boitel, Lyon – Paris, 1845.

Un exemplaire numérisé est consultable sur le site Numelyo.

Il s’agit d’une édition de luxe tirée à 200 exemplaires avec page de titre rouge et noire imitant les encadrements de Jean de Tournes (signé H. Storck).
Les Œuvres sont précédées d’une notice introductive signée des initiales F.-Z. C. (F.-Z. Collombet) résumant la vie de Labé telle qu’elle est connue alors, et qui se clôt sur une brève histoire éditoriale des Œuvres depuis 1555.

L’ordre du volume ne respecte pas celui de l’édition originale ; en postposant le « Débat de Folie et d’Amour », l’éditeur semble entériner le fait qu’il commence à être moins apprécié que la poésie de Labé :
- épître «A M. C. D. B. L»
- élégies
- sonnets
- Débat de Folie et d’Amour
Suit la transcription du «Testament de Louïze Labé», pour la première fois publié en compagnie des Œuvres.
On note l’absence des «Écrits de divers poètes à la louange de Louise Labé», ce qui mutile la facture du livre original.
C’est le texte de 1555 (et non celui de 1556) qui est suivi (cf. élégie II, v. 26) ; les graphies et la ponctuation sont très majoritairement fidèles à l’original sauf exceptions (développement des initiales «M. C. D. B. L.» ; transformation de l’esperluette, transformation d’« Amour » en « Amor » dans le sonnet italien…).
Il n’y a aucune note. Ce n’est pas une édition critique mais une édition pour amateurs et amatrices.
L’intérêt de cette édition est qu’elle attire l’attention de Sainte-Beuve qui rédige alors à chaud un long article sur Louise Labé, qu’il avoue avoir jusque-là négligée, article qu’il publie dans La Revue des Deux mondes le 15 mars 1845. Ce qui canonise un peu plus les Œuvres.

 

1853

Euvres de Louïze Labé lionnoize, éd. L. Cailhava et J.-B. Monfalcon, Paris, S. Racon, 1853.

Un exemplaire numérisé est consultable sur Google Livres.

 

1862

Euvres de Louïze Labé, Lyon, N. Scheuring, 1862.

Un exemplaire est consultable sur le site Numelyo.

Commentaire : à venir

 

1871

Œuvres de Louize Labé, éd. Edwin Tross, Paris, Librairie Tross, 1871.

Un exemplaire numérisé est consultable sur le site Google Livres.

Commentaire : à venir

 

1875

Œuvres de Louise Labé, éd. Prosper Blanchemain, Librairie des Bibliophiles, 1875.

Un exemplaire numérisé est consultable sur le site Gallica.

Commentaire : à venir

 

1887

Œuvres de Louise Labé, éd. Charles Boy, Paris, Alphonse Lemerre, 1887.

Un exemplaire numérisé est consultable sur le site Google Livres (tome I et tome II).

Commentaire : à venir

 

1910

Louise Labé, Les Élégies et les sonnets de Lovïze Labé Lionnoize. Précédés d'une notice par Tancrède de Visan. Portrait d'après Woëiriot, Paris, Chez Sansot, 1910.

Un exemplaire numérisé est consultable sur le site Internet Archive.

 

1927

Œuvres de Louise Labé Lionnaise, Paris, M. Seheur, 1927.

 

1928

   
Œuvres complètes de Lovïze Labé Lionnoize, publiées par P.C. Boutens, avec une introduction de J.J.Salverda de Grave, portrait par J. Franken Pzn, Maestricht, A.A.M. Stols, 1928.

 

1953

Louise Labé, Élégies, Sonnets, Débat de la Folie et de l’Amour, éd. Bernard Jourdan, Paris, Delmas, « Classiques Delmas »,1953.

 

1960

Louise Labé. Un tableau synoptique de la vie des œuvres de Louise Labé et des événements artistiques, littéraires et historiques de son époque. Une suite iconographique accompagnée d'un commentaire sur Louise Labé et son temps. Une étude sur l'écrivain par Gérard Guillot. Un choix de jugements. Les Œuvres complètes de Louise Labé. Une bibliographie. Un glossaire, Paris, Pierre Seghers ("Écrivains d'hier et d'aujourd'hui", 10), 1960 [rééd. 1962, 1966].

 

1960

Evvres de Lovize Labé Lionnoize, éd. Alain Bosquet, Paris, Livre Club du Libraire, 1960.

 

1970

Louise Labé, Débat de Folie et d’Amour, Élégies, Sonnets, Grenoble, Roissard, illustration d’Odile Busseaux, préface de Georges Roissard, 1970.

 

1981

Œuvres complètes, éd. Enzo Giudici, Genève, Droz, 1981.

 

 

1986

Louise Labé’s Complete Works, translated and edited by Edith R. Farrell ; with an introduction by C. Frederick Farrell, Jr. and Edith R. Farrell, Troy, NY, Whitston, 1986.

 

1986

Œuvres complètes, éd. François Rigolot, GF Flammarion, 1986 (rééd. 2004).

 

2006

Complete Poetry and Prose. A Bilingual Edition Edited with Critical Introductions and Prose Translations by Deborah Lesko Baker and Poetry Translation by Annie Finch Chicago, The University of Chicago Press, 2006.

 

2021

Louise Labé, Œuvres complètes, éd. Mireille Huchon, Paris, Gallimard, "Bibliothèque de la Pléiade", 2021.

 

2022

Louise Labé, Œuvres, éd. Michèle Clément et Michel Jourde, Paris, Flammarion, "GF", 2022.