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v. 1795 De Tournes-Cannac

Samuel de Tournes-Cannac, « Notice sur Jean de Tournes 1er de nom », v. 1795, copie manuscrite par Jean-Louis Le Fort, Genève, v. 1861 (Lyon, Musée de l’imprimerie et de la communication graphique, AUD 00304, « Notice »), p. 28-39.

 [p. 28] Enfin, la dernière personne dont nous parlerons, de celles avec qui il eût les plus étroites liaisons, avec qui même une tradition de famille lui en attribue de plus intimes que celles d’une simple amitié, fut la célèbre Louise Labé, surnommée la belle Cordière qui joua dans cette académie, dont nous venons de parler, le rôle le plus brillant. Ainsi cette dame mérite bien que l’on entre ici dans quelques détails sur son histoire, sa personne et ses ouvrages ; nous les tirerons des auteurs anciens et modernes qui en ont parlé.
    Elle naquit à Lyon en 1526 ; elle était fille d’un certain Cte Arly1 dit Labé dont on ignore l’état et la fortune. François I, en ranimant dans sa Cour le goût des lettres et des sciences, l’inspira bien vite aux provinces et les poëtes et les musiciens se multiplièrent dans tout le royaume : les femmes se mirent sur les rangs pour obtenir une place dans le temps des muses. Louise Labé eût cette prétention, et son père lui procura tous les moyens d’acquérir un jour la réputation brillante à laquelle elle aspirait ; elle apprit la musique et plusieurs langues, on lui montra à monter à cheval et tous les exercices militaires qui peuvent être la [p. 29] suite de ce talent : ses succès furent rapides, puisqu’on la vit, en 1542, au Siège de Perpignan n’ayant pas encore accompli sa seizième année.
    On ignore les motifs qui la décidèrent à une démarche si peu commune, mais on peut présumer qu’elle y fut conduite par son père qui possédait dans l’armée quelqu’emploi utile. Elle y montra de la force et de la valeur, si bien qu’elle fut surnommée le Capitaine Loys, et que ce nom lui resta pendant la paix.
    La première campagne ne fut pas très heureuse ; le Siège de Perpignan fut levé et sans doute que cet échec la dégouta du métier des armes pour se livrer uniquement aux lettres.
    De retour à Lyon elle épousa Ennemond Perrin, marchand cordier fort riche, qui faisait un commerce très considérable de cordes et de cordages ; il possédait plusieurs maisons et il occupait un terrain fort grand dans lequel étaient placés des ateliers et des magasins propres à son usage, un logement commode et un jardin spacieux et agréable ; ce jardin avait une issue sur la place Bellecour, et ce fut dans la longueur de ce même terrain qu’on ouvrit ensuite une rue qui prit le nom de la Belle Cordière, qu’elle porte encore aujourd’hui.
    Par les portraits différents que les auteurs ont fait d’elle, il parait que Louise Labé était assez grande, d’une taille aisée et bien faite, qu’elle avait de l’embonpoint, la peau très blanche, de belles couleurs, les bras et la gorge admirables, les [p. 30] cheveux blonds, les sourcils noirs, de beaux yeux, le front grand, les lèvres vermeilles, de belles dents, la rire gracieux. Si on ajoute à ces détails l’air noble, une façon prévenante, les grâces, l’enjouement, la délicatesse et la solidité dans la conversation, le talent supérieur d’accompagner du luth la voix charmante dont la nature l’avait douée ; que, de plus, ses études l’avaient mise en état d’entendre le grec, le latin, l’espagnol et l’italien, de composer dans plusieurs de ces langues, et que sa fortune lui promettait de former une bibliothèque des meilleurs auteurs, dans tous les genres, et dans ces mêmes langues, on conviendra que les savants, les gens aimables ou curieux de le devenir, étaient fondés à désirer de la connaître et à grossir sa cour dans les fréquentes assemblées qu’elle tenait chez elle.
    Ce portrait charmant et qui, aux qualités du cœur près, dont on n’y dit rien, présente celui de la femme la plus aimable, contraste un peu avec l’idée que la force et la vigueur du Capitaine Loys avaient pu donner de notre héroïne ; mais nous n’en répondons point, et nous le tirons littéralement de l’essai sur sa vie qui se trouve à la tête de la nouvelle édition de ses œuvres publiée à Lyon, en 1762, par une société de gens de lettres.
    Il était impossible que tant d’agréments, l’accueil qu’elle faisait aux étrangers, l’état qu’elle tenait dans la ville, n’excitassent quelque jalousie [p. 31] de la part des autres femmes, et c’était le sentiment le plus modéré que la belle cordière eut à redouter ; avec tous ces avantages, la femme la plus distinguée par sa naissance et par sa vertu, n’aurait pu être à l’abri de ce sentiment, et Louise Labé, au lieu de se les faire pardonner par sa modération, affectait pour leur façon de parler sur son compte un mépris qui n’est pas même permis à celles qui se sentent au dessus de tout soupçon ; aussi les femmes de Lyon un peu distinguées ne virent dans notre savante que la femme d’un marchand de cordages et ne voulurent mesurer sa réputation que sur l’état de son mari : Dès lors ses assemblées furent suspectes, les charmes de Louise et l’usage qu’elle en pouvait faire, devinrent à leurs yeux le motif secret mais réel des préférences que sa maison s’était attirées ; ce ne fut plus une savante avec laquelle on cherchait à s’entretenir, elle devint au moins une coquette décidée, pour ne rien dire de plus.
    Les ouvrages qu’elle fit imprimer prêtèrent de nouvelles armes contr’elle aux dames lyonnaises qui l’avaient attaquée : la plupart de ses compositions ne respiraient que l’amour et quelques-unes étaient des leçons qu’elle leur donnait sur le peu de connaissances qu’elles avaient acquises, sur la frivolité de leurs occupations, et sur la faiblesse des ressources qu’offrait leur société. De telle représentations exciteraient encore aujourd’hui des reproches amers, elles furent alors un crime, [p. 32] et ce qui acheva d’ébranler la réputation de Louise Labé fut un petit tour bien noir qu’elle joua à une de ses bonnes amies.
    Quelque décriée qu’elle fut auprès de la généralité des dames de Lyon, elle avait cependant conservé des relations avec quelques-unes très respectables, et elle était entr’autres étroitement liée avec Clémence de Bourges, fille célèbre de son temps, qui ne lui était inférieure ni en esprit ni en talent pour la musique, et qui était fort au-dessus d’elle en naissance et en vertu. Elle lui avait dédié ses œuvres, elles avaient le même goût pour les sciences et pour la poésie, et elles se communiquaient réciproquement leurs productions. Cette dernière avait un amant, et elle montra en confidence à son amie des vers qu’elle avait faits pour lui : Louise fut frappée des éloges qu’elle y donnait à cet amant, et au lieu de penser à corriger l’ouvrage de son amie elle conçut le projet de composer à son tour quelque pièce de vers qui put lui attirer le cœur de celui dont Clément faisait un portrait si avantageux ; la trahison eût le succès que pouvait s’en promettre la belle cordière, la muse qui l’inspira se trouva sans doute plus séduisante que celle de Clémence et la légèreté de l’amant acheva le reste.
    Il est aisé de comprendre quel dut être le désespoir de cette amante abandonnée, la rivalité de talents, peut être même de la figure, avait [p. 33] été jusque là cachée sous les apparences de la cordialité ; ce dernier trait décida les rangs entre les deux amies ; Clémence furieuse éclata en reproches ; ce qu’elle avait jusqu’alors loué ou admiré dans sa rivale devint l’objet de sa critique et de son ressentiment ; sa conduite ne fut plus à ses yeux qu’un tissu de scandales et ses vers que l’expression du dérèglement. Louise vit cet orage sans s’émouvoir, elle ne daigna pas répondre et se contenta du triomphe qu’elle avait remporté  : mais ce triomphe ne fut que momentané, car cet amant qui s’appelait Jean Du Peyrat, dont le père était Lieutenant Général à Lyon, et Général du Piémont, revint à ses premières amours, et il était même sur le point d’épouser sa Clémence, lorsque ce jeune homme, qui était Capitaine de chevaux légers, eut ordre d’aller avec Maugiron chasser les protestants du poste important de Beaurepaire en Dauphiné, dont ils venaient de s’emparer et d’où ils incommodaient Lyon ; il y alla avec un corps de troupes et il y fut tué en combattant ; sa malheureuse maîtresse ayant appris cette mort en eût le cœur si serré de chagrin qu’elle mourut elle même peu de temps après.
    Cette anecdote et ce que nous avons dit de la conduite de Louise Labé suffit pour la faire connaître ; il en faudrait moins pour jeter des nuages sur la réputation la mieux établie2 . [p. 34] Affecter le plus grand mépris pour l’ignorance des autres femmes et pour leurs opinions, recevoir chez soi une multitude de gens de lettres, leur plaire, mériter leurs éloges, faire tourner en sa faveur, par quelques vers touchants, les promesses d’une éternelle fidélité qui avaient été juré[e]s à sa bonne amie, ce sera toujours là de ces traits décisifs lorsqu’il sera question de juger de la réputation d’une femme telle que la belle Cordière, qui, d’après ce tableau, ne devait avoir que des partisants zélés ou des détracteurs acharnés. C’est aussi de là qu’est venue la diversité des jugements que les écrivains ont portés sur son compte, et sans vouloir citer ici tous les éloges qu’elle reçut en grec, en latin et en français, nous dirons seulement que Paradin, qui était à Lyon de son temps, et qui a pu la connaître en fait un éloge si outré qu’il paraît bien que l’adulation la plus excessive lui dicta les expressions dont il s’est servi à son égard : « Louise Labé avait, dit-il dans son histoire de Lyon (page 355) la face plus angelique qu’humaine, mais ce n’était rien à la comparaison de son esprit tant chaste, tant vertueux, tant poëtique, tant râre en savoir, qu’il semblait qu’elle eût été créée de Dieu pour être admirée comme un grand prodige entre les humains : Car encore qu’elle fut instituée en langue latine, dessus et outre la capacité de son sexe, elle était admirablement excellente dans la poésie des langues vulgaires, dont rendent témoignage [p. 35] les œuvres qu’elle a laissées à la postérité. » – et Jaques Pelletier du Mans, médecin et poëte très estimé de ce temps là, étant venu à Lyon vers le milieu du seizième siècle, composa à la louange de cette ville une fort belle ode à laquelle Louise Labé a la meilleure part, et qui parait même avoir été composée uniquement à son honneur.
    Les champions de sa vertu, se fondant sur le témoignage de ces auteurs contemporains s’emportent contre ceux qui ont osé la révoquer en doute, et ils citent comme des garants de leur façon de penser, l’intimité dans laquelle elle vivait avec Clémence de Bourges, fille d’une naissance distinguée et d’une vertu reconnue, et dont les parents n’auraient pas souffert les liaisons avec Louise, si les mœurs de son amie eussent été équivoques ; ils alèguent l’estime de tous les gens de lettres, soit lyonnais soit étrangers, dont elle a toujours joui, enfin ils appellent en témoignage Ennemond Perrin, son mari, dont les dernières dispositions en sa faveur sont une preuve de la bonne opinion qu’il avait d’elle, puisque, n’ayant pas d’enfants d’elle, il l’institue son héritière en lui substituant ses neveux.
    Mais les détracteurs de cette dame ne font pas grand cas de ces raisons : ils comptent d’abord pour rien le témoignage des gens de lettres qu’il [sic] attribue ou à la reconnaissance ou à l’espérance, [p. 36] ils disent ensuite que ses liaisons avec Clémence de Bourges ne prouvent pas d’avantage en sa faveur, parce que, dans ce temps là, la supériorité de l’esprit et des talents était le premier mérite et pouvait faire passer bien des choses ; et Louise, femme adroite et dissimulée sut peut-être se déguiser longtemps aux yeux de cette fille honnête et de ses parents, jusqu’au moment où la noirceur de son procédé les leur dessilla et obligea Clémence de rompre avec elle ; ils comptent pour moins encore les dernières dispositions d’Ennemond Perrin en sa faveur ; cet imbécile mari, disent-ils, tout occupé de son commerce, ébloui par le ton de sa femme et par la qualité des personnes qu’elle attirait chez lui, était si aveuglé et subjugué par elle qu’il trouva bon que sa femme ne portât jamais son nom et qu’elle continuât à s’appeler de son ancien nom de Louise Labé sous lequel elle fut toujours connue. Ils se fondent encore pour la décrier sur le genre de vie de sa jeunesse, et prétendent, avec assez de raison, que les camps où elle en passa une partie, n’ont jamais été une école de bonnes mœurs ; ils citent ses propres poésies où elle avoue elle même ses faiblesses, et ils allèguent enfin, en faveur de leur opinion, d’autres auteurs contemporains qui ont fait de ses mœurs un tableau très peu favorable. Duverdier, dans sa [p. 37] bibliothèque, et surtout De Rubys, dans son histoire de Lyon, prétendent qu’elle avait gâté ses heureux talents par un libertinage qui n’était pas moins condamnable que celui de Phrynès et de Laïs ; et ce qu’il y a de facheux pour la gloire de notre belle cordière c’est que cette opinion défavorable paraît avoir prévalu parmi les modernes. Bayle  et le P. Colonia  adoptent la façon de penser des deux derniers auteurs que nous venons de citer ; De Bure, dans sa bibliographie, n’hésite pas à la désigner sous le nom de Courtisanne, et le Lyonnais, auteur de l’essai sur sa vie, tache seulement d’affaiblir les traits lancés contr’elle, sans essayer de la disculper.
    Après deux siècles et demi de doute sur un point aussi critique, nous sera-t-il permis de présenter aussi notre opinion ?
    D’un côté, ses plus zélés partisants avouent qu’elle n’a pas été exempte de faiblesses et de l’autre ceux qui ont le plus décrié ses mœurs conviennent qu’elle n’en voulait qu’aux personnes distinguées par leur esprit et par leur savoir qui lui paraissaient mériter seuls d’avoir part à ses bonnes grâces  ; alors il est raisonnable de prendre un mezzo-termine, comme dans toutes les questions où le pour et le contre se balancent, et tout le mal qu’on pourrait dire d’elle se réduirait à ce que parmi le nombre de gens de lettres dont elle était entourée, il y en eut quelques-uns qui lui plurent d’avantage [p. 38] et qui eurent le bonheur d’en être favorisés, et que peut-être Jean De Tournes fut un de ces amants fortunés. Mais dans cette hypothèse Louise ne sera plus une Phrynée, ce sera une dame comme il y en a beaucoup dans le monde, qui reçoivent beaucoup d’hommes chez elles parmi lesquels il y en a toujours quelques-uns de mieux traités que les autres, en particulier, et ces dames n’en sont pas moins regardées comme honnêtes et vertueuses, ainsi que s’exprime Brantôme.
    Mais  si l’opinion des écrivains a été si divergente sur la vertu de Louise Labé, ils ont tous été unanimes dans les jugements qu’ils ont portés de ses ouvrages remplis de feu, d’esprit et de délicatesse, et tous l’ont mise au rang des premiers poëtes de son siècle. Celui dont on fait encore le plus de cas est un dialogue en prose intitulé : Débat de folie et d’amour. C’est la fable de l’amour aveuglé par la folie, que Jupiter condamna à lui servir désormais de guide puisqu’elle avait eu la malice de lui crever les deux yeux. Cette idée ingénieuse a été imitée par plusieurs modernes et entr’autres par La Fontaine, mais ni lui ni les autres n’en ont fait honneur au veritable auteur.
    Les ouvrages de Louise Labé furent imprimés en 1555 par Jean De Tournes et réimprimés l’année suivante ; ils étaient devenus si râres que lorsqu’en 1762, une Société d’amateurs voulut en donner [p. 39] une nouvelle édition, on eût de la peine à en trouver deux exemplaires dans Lyon. Elle mourut au mois de Mars 15563 .
    Il est temps de revenir à De Tournes lui-même dont cet épisode nous a trop écarté ; mais nous n’aurons plus rien à dire de sa vie. […].

Samuel de Tournes-Cannac (1731-1807) appartient à la 7e génération des descendants de Jean I de Tournes et il est le dernier imprimeur de la dynastie : après 1777, il quitte le métier tout en devenant membre de la « Société pour l'impression des œuvres de Rousseau » et en préparant une édition de l'abbé Raynal pour le libraire Bonnant à Genève. Il rédige vers 1795 une « Notice sur Jean de Tournes 1er de nom » et une « Notice sur Jean de Tournes 2d de nom », en utilisant des archives familiales (perdues depuis), dont un mémoire latin de Jean II (1539-1615) et un mémoire français de Jean III (1593-1665). En mai 1803, il ajoute à ces notices une « Généalogie de la famille de Tournes ». Ces textes sont connus des érudits genevois du XIXe siècle (Jacques-Augustin Galiffe, Gustave Revilliod, Adrien Naville), qui les utilisent pour leurs travaux.

En 1861, Mme Butini (1800-1866, née Elizabeth de La Rive, petite-fille de Samuel de Tournes-Cannac) transmet l’original des notices et de la généalogie à Jean-Louis Le Fort (1786-1874, petit-fils de Jean-Louis de Tournes, frère de Samuel), Secrétaire d’État et historien de Genève, qui les copie, les annote, met à jour la généalogie et rédige un « Préambule de la Notice de Samuel de Tournes sur Jean I et Jean II de Tournes ».

Vers 1890, Henri Le Fort (1855-1932, petit-fils de Jean-Louis Le Fort), secrétaire de la Société d’Histoire et d’Archéologie de Genève, transmet la copie faite par son grand-père à Alfred Cartier (1854-1921), trésorier de la même Société, qui prépare la bibliographie de Jean I et Jean II de Tournes, destinée à être insérée dans la Bibliographie lyonnaise du XVIe siècle de Julien Baudrier. Cartier annote la copie en rectifiant quelques inexactitudes.

Alfred Cartier meurt en 1921 sans avoir achevé son travail sur les De Tournes. C'est alors l'historien lyonnais Marius Audin qui se charge de réunir les pièces, afin de publier le livre (il ne paraîtra finalement qu'en 1937-1938). Dès 1924, Audin publie un article dans la Revue du Lyonnais (« Les Jean de Tournes imprimeurs lyonnais », Revue du Lyonnais, Série 6, n° 13, 1924, p. 5-43), dans lequel il édite la « Généalogie" et les "Notices" de Samuel de Tournes, en incluant le « Préambule » de Jean-Louis Le Fort (qu’il attribue par erreur à Henri Le Fort) et les notes d’Alfred Cartier. Il opère quelques coupes, dont tout le passage sur Louise Labé, qu'il juge peu fiable en raison de la confusion initiale entre « Charly » et « Cte Arly », mais aussi peut-être en raison de la longueur du passage (10 page sur 30 !) qui lui semble excessive par rapport à l'importance de Louise Labé.

Dans ce passage sur Louise Labé, que nous éditons ici pour la première fois, l'héritier de Jean de Tournes s'appuie essentiellement sur les publications du XVIIIe siècle (l'édition de 1762, Colonia, Pernetti, Ruolz, Irail, Debure…). C'est par là qu'il accède aux sources du XVIe siècle (Paradin, Du Verdier, Peletier…) que ces historiens ont commencé de mettre à profit.

Le texte prouve en tout cas que Samuel de Tournes n'a rien trouvé concernant Louise Labé dans ses sources familiales anciennes, en particulier dans le mémoire latin de Jean II de Tournes, qui avait 16 ans en 1555 et travaillait déjà dans l'atelier de son père : chaque fois qu'il en a l'occasion, il cite cette source avec précision (et de manière apparemment fiable). Il ne précise pas en revanche l'origine de la « tradition de famille » faisant état, entre Labé et Jean de Tournes, de relations « plus intimes que celles d’une simple amitié ».

 

  • 1Erreur de copie pour "Charly".
  • 2À partir de là, Samuel de Tournes s’écarte de sa source principale, l'édition des Œuvres de Labé publiée à Lyon en 1762 : alors que la pièce liminaire de cette édition concluait en tranchant en faveur de la vertu de Louise Labé et en imputant les reproches qui lui furent adressés à la « méchanceté » et à la « galanterie » de « ces temps-là », « conduite par des regles fort opposées à celle de nos jours » (p. xx-xxi), S. de Tournes veut présenter les pièces du débat (qu’il lit dans Ruolz 1750), avant d’avancer sa propre « opinion ».
  • 3Erreur du manuscrit. Les sources du XVIIIe siècle donnent bien la date de 1566.