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1573 Rubys

Claude de Rubys, Les Privileges, franchises et immunitez octroyées par les roys treschrestiens, aux consuls, eschevins, manans et habitans de la ville de Lyon, et à leur posterité, Lyon, Antoine Gryphius, 1573, p. 29. (éd. 1574, p. 27)

Un exemplaire numérisé est accessible sur le site Numelyo.

 

Entre lesquels martyrs furent la vertueuse dame Blandine que Paradin devoit proposer à nos dames de Lyon, pour mirouer et exemplaire de vertu et chasteté, et non ceste impudique Loyse l’Abbé, que chacun sait avoir faict profession de courtisanne publique jusques à sa mort : et ces bons et saincts Evesques et martyrs Photinus et Ireneus […].

Claude de Rubys (1533-1613) est procureur de la Ville (il représente ses intérêts auprès du roi) depuis 1565 et son livre répond à une commande du consulat. À cette occasion, Rubys affiche son hostilité aux Memoires de Guillaume Paradin publiés quelques mois plus tôt : il accuse Paradin d'erreurs et de négligences et surtout il récuse la valorisation par ce dernier d'une ville marchande et cosmopolite. Pour Rubys, catholique intransigeant issu d'une famille de la noblesse consulaire, la place laissée aux marchands dans la vie civique lyonnaise, au détriment de la noblesse, constitue un « desastre et malheur inevitable » (p. 71), fâcheuse contrepartie d'une prospérité bénéfique en elle-même. Il consacre aussi de longues pages à justifier le fait que soient exclus des affaires tous ceux qui se mêlent ou se sont mêlés des métiers mécaniques, « pour la multitude de vices qui abondent ordinairement en ces gens de basse condition, et pour le peu d'honneur et de proffit qu'ils peuvent apporter au public » (p. 78-79). L'éloge de Labé par Paradin ne pouvait donc pas lui échapper : il y voit une complaisance coupable à l'égard d'un aspect de l'histoire de Lyon qui lui fait horreur. Là où Paradin faisait l'éloge d'un livre et de son autrice, Rubys se contente de dénoncer une femme « impudique », en passant son livre sous silence.

Par ailleurs, lors des troubles de 1567, Rubys a pris part aux saisies des biens des protestants, à l'occasion desquelles l'atelier de Jean II de Tournes, qui avait succédé à son père trois ans plus tôt, fut pillé. Rubys raconte dans son Histoire veritable de la ville de Lyon (1604) les autodafés qui s'ensuivirent : « Monsieur l'Archevesque fit aussi visiter par les Theologiens, les bouticques et magasins des Libraires et Imprimeurs, et trier les livres hereticques, d'où furent faicts beaux Sacrifices à Vulcan, sur le bord des rivieres » (p. 413). Parmi les livres saisis et détruits à cette occasion, peut-être trouvait-on encore quelques exemplaires de l'« impudique Loyse l'Abbé » ?

Rubys réitérera ses attaques en 1604, dans un passage de son Histoire veritable.